J’avais toujours aimé avoir des journées de repos, ne pas être obligé de me lever et pouvoir dormir. J’aimais ça, plus que tout même si j’aimais mon travail. Mais s’il y avait une chose que j’aimais encore plus que dormir, c’était le chocolat. En me levant ce matin, j’étais prête à me faire un bon chocolat chaud… Et là, le drame. Plus de chocolat en poudre. C’est donc encore en pyjama, les cheveux en bataille et avec mon peignoir sur le dos que je suis allé faire un tour à l’épicerie du coin pour m’acheter ma boite de chocolat en poudre. Je me fichais des regards interloqués que les habitants me lançaient. Il faut dire pour leur défense qu’ils ne sont pas habitués à me voir dans un tel accoutrement alors que je suis surtout en uniforme quand ils me croisent. Une fois ma boite de choco sous le bras, je retournais chez moi, bien décidé à prendre un petit déjeuner digne de ce nom pour me réveiller. Une fois mon ventre plein de chocolat chaud, je montais dans ma salle de bain pour prendre une douche et m’habiller. Ce matin, je comptais bien sortir pour profiter des rayons du soleil en cette belle journée d’été. Autant en profiter car l’automne allait bientôt arriver et il ne ferait plus aussi chaud. Habillée d’une robe d’été bleu ciel, je me coiffais les cheveux, les laissant libres sur mes épaules comme j’aimais le faire parfois. Mais je ne le faisais pas souvent, n’aimant pas avoir les cheveux dans les yeux quand je travaillais. Je sortis finalement de chez moi une fois prête et je me rendis là où mes pas voulaient bien me mener. Je marchais souvent ainsi, à l’instinct et je découvrais toujours de nouveaux endroits. Et aujourd’hui ne fit pas exception à la règle. Je sortis de mes rêveries en ayant soudain une ombre sur le visage. Levant les yeux, je me rendis compte que je me trouvais près du phare de la ville et je ne pus m’empêcher de sourire. J’avais toujours aimé l’eau qu’elle soit dans un lac, un torrent ou dans l’océan. M’approchant du bord, je descendis quelques rochers avant d’enlever un de mes gants, ne voulant pas le mouiller. Mais je me retins de toucher la surface, sachant pertinemment qu’elle allait geler immédiatement si jamais je faisais cela. Je soupirais tout en remettant mon gant, levant la tête vers le ciel. « Pourquoi il a fallu que vous me donniez cette malédiction… Pourquoi? » J’étais perdue et personne ne me répondait dans le ciel. En même temps, cela ne risquait pas d’arriver mais j’avais eu besoin d’extérioriser ma souffrance, sachant que de toute façon, j’étais toute seule.
Pour une fois, Merlin s’était levé bien tôt et au lieu d’aller à sa boutique, il avait préféré marcher un petit peu. Après tout, nous n’étions encore que pendant les vacances d’été. Sauf qu’il devait déjà penser à inscrire son fils au lycée de la ville. Son fils. Il n’en avait pas le moindre souvenir de son existence dans sa mémoire et même ses grands pouvoirs lui faisaient défauts en ce moment. Il avait essayé pour voir le passé mais rien, nada, que dalle ! Il avait toujours un peu de mal à croire le jeune Emerick mais il était bien obligé de le lui laisser le bénéfice du doute car le gamin savait tout de même des choses concernant le passé du magicien dont il n’en parlait qu’aux personnes digne de confiance. Merlin aimait parfois garder un voile de mystère concernant son passé avant la naissance de la légende du roi Arthur. Les pas de l’antiquaire le conduisirent jusqu’au phare de la ville. Il devait bien avoué que cela faisait longtemps qu’il n’était pas venu ici. Vingt ans tout au moins. Il aperçut une jeune femme vêtue d’une robe bleu ciel, qu’il reconnut immédiatement, en train de mettre des gants alors qu’il faisait plutôt bon pour se protéger les mains. Mais il se rappela que la jeune Emily Meyers, la petite fille de cette chère Quinn, lui avait parlé récemment du shérif qui avait un problème avec ses pouvoirs, sans lui préciser son identité dans leur monde d’origine et le problème concernant les pouvoirs d’Alexandra. « Pourquoi il a fallu que vous me donniez cette malédiction… Pourquoi? » fit la jeune femme en levant les yeux au ciel. - Tout grand talent n’est pas forcément une malédiction ! Veuillez m’excuser, je n’ai pas pu résister à l’envie de répondre. Il prit une pause avant de reprendre. - Vous êtes le nouveau chérif c’est bien cela ? La fille de Max ! Évidemment, Merlin ne connaissait pas la vraie identité de l’ancien shérif et à vrai dire, ça ne lui était jamais venu à l’esprit de demander à tout le monde qui ils avaient été dans le monde des contes. Il estimait que cela ne le regardait pas. - Votre père était quelqu’un de bien ! Par contre, là, il ne savait pas comment faire pour mettre dans la conversation le sujet du problème dont lui avait parlé Emily. Il est vrai que parler magie ainsi n’était pas chose aisée.
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